ASD, ce n’est pas seulement une marque de kits déco et de combinaisons en cuir sur mesure. C’est aussi l’histoire d’un passionné de moto, de design et de compétition : Sébastien Arputzo. Interview avec le fondateur d’ASD.

Petit, que dessinait Sébastien Arputzo ?

Je ne vais pas être très original, mais je dessinais des motos ! J’en dessine depuis que je sais tenir un crayon… Au début, je reproduisais surtout des motos de profil, puis des actions de pilotes : ça n’était pas très créatif.

Au collège, je ne savais pas trop si je voulais devenir designer, peintre de casque… Puis, à l’âge de 14 ans, j’ai vendu ma première déco de casque à la marque Lazer ! Et j’ai commencé à créer des mascottes, que je signais SAD – pour Sébastien Arputzo Design.

Quand on m’a fait remarquer que « sad » signifiait « triste » en anglais [rires], j’ai changé pour ASD.

 

ASD, c’est aujourd’hui une marque à part entière.

Oui. J’en suis à l’origine, mais nous sommes depuis 2022 deux à la manœuvre, avec Frédéric Suzzoni. Nous nous concentrons sur deux types d’activités : le design produit pour des marques tierces et le développement de nos propres gammes de kits déco autocollants pour motos et de combinaisons en cuir sur mesure personnalisées.

 

Quelles marques ont fait appel au coup de crayon by ASD ?
X-Lite a été l’un des premiers fabricants majeurs de casque à m’accorder sa confiance en me confiant la création de décorations pour ses produits de série, avec notamment une déco évoquant les masques des statuts de l’Ile de Pâques. Un jour, le pilote MotoGP Carlos Checa, qui était sous contrat avec cette marque, a repéré l’une de mes décos et a souhaité la faire reproduire sur son casque de course. C’était plutôt flatteur !

Ensuite, il y a eu Arai, l’un de mes clients les plus réguliers. Une année, le catalogue Arai comptait pas moins de cinq décos signées ASD. Je me souviens d’une réalisation inspirée des avions de chasse de la NAVY. Justin Barcia a souhaité la faire reproduire sur son casque pour la course AMA Supercross de San Diego, organisée en mémoire des militaires américains. Ça aussi, ça m’a fait très plaisir.

J’ai également travaillé pour HJC, Shoei (avec les casques Replica de Jules Cluzel et Eugene Laverty), LS2 (pour les Replica Loris Baz et Randy de Puniet) ou encore Simpson.

 

Mais il n’y a pas que les casques…

Depuis 2005, je suis Head Designer de Five Gloves, marque française de gants de moto et de vélo, pour qui je m’occupe du design et du développement des produits. J’ai aussi réalisé quelques décos de vélo pour Giant.

Surtout, je ne peux pas oublier mes clients pilotes. Tout a commencé grâce à Arnaud Vincent, qui m’a demandé une mascotte commémorative de son titre de champion du monde des GP125 en 2002. J’avais alors 19 ans. J’ai depuis réalisé des mascottes pour Jonathan Rea ou Stefan Everts, signé la déco de la Ducati MotoGP de Karel Abraham… Quand j’y repense, c’est fou !

Loris Baz, Randy de Puniet, Fred Bolley, les frères Stéphane et Boris Chambon, Jules Cluzel, Eugene Laverty, Florian Marino, Mike Di Meglio, Fabio Quartararo et Miguel Oliveira ont, à un moment ou un autre, porté une mascotte, un lettrage, des numéros de course, une déco de casque ou une combinaison signée ASD.

 

Justement, comment la marque ASD a-t-elle vu le jour ?

Quand je suis sorti de l’école, j’ai travaillé deux ans avec le designer Alain Olivier, puis je me suis lancé à mon compte en 2004. Dans le même temps, j’ai débuté la pratique de la piste avec une Yamaha R6. C’était le début de l’impression numérique.

Un imprimeur chez lequel j’avais fait réaliser des séries d’autocollants m’a expliqué que je pouvais désormais imprimer à l’unité. J’ai donc dessiné mon premier kit déco, pour ma moto, imprimé en numérique et – à l’époque, ce n’est plus le cas heureusement – découpé à la main.

Les copains ont vu ma moto, m’ont demandé si je pouvais leur faire un kit déco… Puis de fil en aiguille, j’ai commencé à en commercialiser. Les kits déco existaient en motocross, mais pas en vitesse. Il y avait une demande.

 

ASD possède sa propre signature stylistique. Comment la qualifierais-tu ?

Mon objectif, lorsque je dessine un kit déco, est double : je souhaite sublimer le travail des designers de la moto et proposer à nos clients un kit facile à appliquer en fonction des lignes et des galbes du carénage.

J’évite ainsi les designs surchargés et c’est pourquoi je ne propose pas de kit 100 % personnalisable : je veux une identité forte, avec des lignes nettes et tendues quand on regarde la moto de loin, puis des détails qui se révèlent quand on l’observe de près. J’aime que les formes s’imbriquent ; j’essaie de respecter les parallèles, les angles et les lignes de la moto.

 

Créer le gabarit d’un kit déco doit être un sacré casse-tête…

C’est très fastidieux en effet… Il faut recouvrir toute la moto d’un film adhésif et en tracer les moindres formes à l’aide de feutres. Puis, quand c’est terminé, on remet les adhésifs à plat pour les scanner, en tirer les gabarits, vectoriser ces formes et développer « à plat » le décor préalablement créé sur le dessin de profil.

C’est un travail long et minutieux pour proposer le kit le plus qualitatif possible. Chaque kit est développé selon le décor, et c’est pourquoi nous ne proposons qu’un, voire deux designs par machine.

 

Comment ASD en est arrivé à proposer des combinaisons sur mesure ?

Lorsqu’il est passé en GP250, Arnaud Vincent m’a proposé de l’accompagner sur une session de tests hivernaux avec le constructeur Fantic, en Italie. Ces essais ont été annulés à cause de la neige et on a profité du déplacement pour rendre visite à l’artisan qui fabriquait ses combinaisons de course sur mesure.

Ça m’a donné l’envie d’accomplir un rêve : me faire une combinaison personnalisée pour aller avec ma moto, comme les pilotes MotoGP ! C’est là que cet artisan italien, habitué à fabriquer les combinaisons des meilleurs pilotes du monde pour le compte de grandes marques, m’a proposé de fabriquer les combinaisons ASD.

Plus que du business, c’était pour moi l’opportunité d’accomplir un rêve : j’ai toujours été passionné par les casques et les combinaisons de piste haut de gamme, ce sont pour moi de véritables objets d’art. Pouvoir proposer à tout un chacun, du motard passionné au pilote de GP, des combinaisons de haute qualité dessinées par mes soins et fabriquées sur mesure par les meilleurs artisans, c’était un vrai rêve. Un rêve devenu réalité.

 

Nous avons vu les combinaisons ASD sur des podiums en championnat du monde…

ASD a en effet accompagné deux excellents pilotes. En 2011, Florian Marino portait une combinaison ASD pour sa première saison en championnat du monde Supersport avec l’équipe Honda Ten Kate.

En 2013, il est monté sur son premier podium, à Monza, avant de terminer 3e du championnat 2014, avec de nombreux podiums à la clef et quelques wild cards en GP Moto2 chez Forward Racing. Cette même année, ASD équipait Miguel Oliveira en GP Moto3, qui a offert à ASD son premier podium en Grand Prix à Assen sur la Mahindra.

Nous n’équipons plus, aujourd’hui, de pilotes, car c’est difficile de suivre financièrement. Mais cela reste de grands souvenirs et c’est toujours agréable de se dire qu’on a accompagné, à un moment donné, l’un des ténors du MotoGP aujourd’hui.

Outre les pilotes, nous avons noué des partenariats importants avec Karine Sliz, du magazine Moto & Motards, qui a toujours été une fidèle ambassadrice d’ASD, et avec le média High Side, qui utilise les kits déco ASD pour ses machines de piste. Nous avons aussi travaillé avec la marque de montre de luxe Bell & Ross sur un partenariat assez étonnant

 

Pourquoi continuer à faire fabriquer les combinaisons ASD en Italie, quand la majorité de la concurrence fait sous-traiter dans des pays où la main d’œuvre est bien moins coûteuse ?

La QUALITÉ ! Encore une fois, le fait de proposer à la vente des combinaisons ASD, c’est avant tout pour la passion du produit : nous tenons à proposer le meilleur. Et puis, évidemment, nous souhaitons soigner la réputation d’ASD, en faire une marque reconnue pour la qualité de ses produits – pas uniquement pour ses designs.

 

La personnalisation semble également tenir une place importante pour ASD.

Oui, nous tenons à ce que nos clients puissent s’offrir un produit qui leur correspond à 100 % – même si nous ne sommes pas prêts à faire n’importe quoi. Nous jouons un rôle de conseil, nous sommes là pour guider le client, l’accompagner afin de faire le bon choix de couleur, de positionnement de logo…

C’est pourquoi nous ne proposons pas de design 100 % perso pour nos kits déco. Nous le proposons pour nos combinaisons, mais toujours avec un accompagnement afin de remplir un double objectif : satisfaire le client et cultiver l’image de marque ASD.

 

ASD propose aujourd’hui une large gamme de kits déco pours machines sportives. À quand les roadsters, trails, scooters ?

La compétition, la piste, l’univers Racing, c’est clairement notre ADN. C’est pourquoi nous ne proposons pas de kit déco pour les machines tout-terrain. Mais nous avons en effet prévu d’étoffer notre gamme dans les prochaines années avec des kits déco pour certains roadsters et trails.

 

Quid de l’automobile ? Des vélos ? Des karts ?

Nous avons fait des kits spécifiques pour Ferrari, pour quelques karts… Mais avant de grandir, il faut se structurer. C’est ce que nous sommes en train de faire.

 

Quelles sont les ambitions d’ASD à court et long terme ?

Nous souhaitons devenir les leaders dans le domaine des kits déco pour motos sportives, avant de nous ouvrir à d’autres catégories de moto et disciplines. Notre volonté, à terme, est de devenir LE spécialiste de l’équipement personnalisé de qualité.